Festival International Kreol à Trou d’Eau Douce : La créolité peut aussi jazzer !

Edouard Maunick, défunt poète Mauricien de renommée mondiale, prit naissance à Flacq. A un jet de pierre de Trou d’Eau Douce donc. Et l’amoureux des mots qu’il était savait plus que tout que la créolité pouvait aussi jazzer.

Et que même si ce village de l’est est loin de la Nouvelle Orléans, la mer n’est jamais qu’espace à parcourir. Avec bottes de sept lieux et slam des tropiques, on pouvait donc marier les notes noires de la Louisiane avec la cadence tropicale de la ravanne. Et cela donne un mariage béni par Mo’zar.

L’ombre d’un autre défunt, José Thérèse, planait donc sur ce festival. Et si on fermait les yeux, on croirait l’entendre donner le ton aux musiciens qui animent désormais l’ensemble Mo’Zar, un projet fou mis en place pour sauver les enfants du ghetto de la misère et des fléaux sociaux.

Le Festival Kreol peut donc aussi fédérer autour d’anciennes gloires, tant musicale que poétique. Et les jeunes pousses, Blackwell et Kelly Ang Tin Hone, slammeurs d’un soir, peuvent espérer porter les souliers d’Edouard, dans un futur ciselé de fleurs de flamboyant.

Il ne manquait plus que Charles Baissac, même si son nom n’a toujours pas été prononcé, pour rappeler qu’il est celui qui a fait vivre les sirandanes dans des livres. Afin que ces « zedmo », ces jeux de mots qui ont séduit tant Malcolm de Chazal que Jean-Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel de littérature. Mais il faudra bien se rappeler de l’existence d’un Baissac, pour exorciser les nuits vaudou qui ont enfanté séga, blues et jazz. Et les Kreol Jazz Pioneers et Philippe Thomas, désormais responsable de Mo’Zar peuvent faire appel au grand frère Louis Armstrong :

“I see trees of green, red roses too

I see them bloom for me and for you

And I think to myself

What a wonderful world…”

Oui, le monde est beau quand il est créole. Et la créolité est belle quand elle se fait jazz. Les vagues applaudissaient ce surréalisme tropical. Comme une invite à la fraternité. Richard Duval, le ministre du Tourisme, sait de quoi il parle : »Nous avons donné de la visibilité aux artistes grâce au Festival Kreol. Fode pa nou ena fristrasion dan zorey. ».

Tendez l’oreille : la créolité est plus que jamais vivante. Elle vit dans un trou d’eau douce. Comme une source jamais tarie !

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